Nna Ouzna est une septuagénaire vivant à la campagne mais elle a tous le confort d’une citadine. Elle habite dans l’immense plaine d’Azaghar (Ouadhias), face au Djurdjura dans une grande maison moderne entourée d’arbres, de verdure et d’oiseaux nichant dans les tuyaux de poêles. Son fils Nasser, un de ses enfants resté en Algérie, l’aide et l’encourage à maintenir ses activités favorites ancestrales pour son bien être ; comme le beau potager où elle cultive des légumes bio…

      Généralement les Kabyles sont polyvalents, les femmes plus que les hommes. Elles travaillent la terre, creusent sèment récoltent, coupent et transportent du bois, taillent, nettoient, cueillent et ramassent des olives, fauchent et moulent les blés… Elles participent entièrement aux travaux des hommes, elles s’occupent des bêtes, elles transportent de l’eau, lavent, cuisinent, nettoient, tissent, brodent, créent des habits, font des jouets pour leurs enfants…  

      Les femmes kabyles authentiques, sont à la fois, poètes, peintres, décoratrices, phytothérapeutes, architectes… Elles sont de véritables monuments de savoir, des montagnes de douceur, de tendresse et de sagesse. Elles sont les dépositaires d’une grande culture et d’un savoir-faire qu’elles transmettent de génération en génération.

      Dans sa jeunesse Nna Ouzna connaissait un peu tout ça mais aussi les atrocités de la guerre… Quand son fils Nasser nous a conduit chez elle, Madame Saidi, était navrée de ne pas pouvoir accomplir les règles d’usage d’hôtesse par rapport aux mesures de confinement et au jeûne, nous avons donc utilisé les masques et le salut hindou “Namasté“. 

     Nna Ouzna nous a montré les poteries de sa création, qu’elle garde jalousement en souvenir. Preuves matérielles du temps où son génie créatif s’était exprimé et a fait épanouir une femme, qui reste encore et toujours, noble dans sa modestie.