Les partis politiques islamistes reculent en Algérie. Perdent du terrain. Se normalisent ! Se domestiquent ! Leurs discours sont périmés. Langue refroidie ! Les lions d’hier qui rugissaient, partout dans les mosquées et dans les rues et dans les espaces publics, mangent de la paille aujourd’hui ! Et ils sont contents de leur paille ! La politique n’est pas la prière !
Politiquement parlant, il n’y a plus de feu qui nous vient de la maison politique structurelle!!! Mais le feu, le vrai feu, n’est pas encore éteint. Et il est plus dangereux. Plus menaçant encore.Au moment, où nous nous libérons des partis islamiques classiques, ceux des années de la fitna la discorde, de leurs discours haineux et hargneux nous nous trouvons dans une nouvelle société, une société totalement islamisée ou presque ! Notre société a perdu l’islam en adoptant l’islamisme.
Pourquoi les partis islamistes, tous genres d’islamistes confondus, ont-ils reculé, chez nous en Algérie ? Tout simplement, parce que tous les autres partis sont devenus islamistes ou presque !! Si les partis islamistes ceux des années de la sédition et du sang sont vaincus, vendus ou achetés par des acquéreurs intérieurs ou extérieurs, le nid de l’islamisme, en tant que manière de réflexion et manière de vivre, continue à ronger l’école et l’université.
La peur a-t-elle changé de camp ? Même si les lions rugissants des années de sang se contentent de la paille sucrée d’aujourd’hui, la peur est installée dans toute la société. La peur hante les têtes des intellectuels. La notion de la critique s’est éclipsée. La raison est bannie du quotidien. Les intellectuels sont devenus pâteux ! Il n’y a plus des Mouloud Mammeri, ni des Tahar Benaïcha, ni des Kateb Yacine, ni des Mohamed Boudia ou des Jean Sénac… ou peu. La nouvelle génération des francophones produits de l’école algérienne est toujours taxée d’enfants du parti de la France (hizb frança). Les arabophones, dans leur majorité, sont victimes de l’effet des restes d’une mémoire religieuse islamiste. Ils sont condamnés de vivre entre le faqih et le planton ! Les intellectuels berbérophones se trouvent sur le terrain, mobilisés mais dispersés, afin de voir venir l’espoir de toucher les rayons de l’aurore, l’espoir de la réhabilitation totale de la langue amazighe. Mais la Kabylie n’est pas épargnée. L’islamisme ronge petit à petit et méthodiquement la Kabylie. Des chaînes de télévision qui diffusent en langue amazighe ont largement participé à cette islamisation. On ne reconnaît pas la femme kabyle ni l’homme d’ailleurs ! Certes le rôle de l’intellectuel est politique mais pas forcément dans un parti politique. Comment déloger cette peur qui habite nos intellectuels ? Je pense que l’ère du politicien-prophète est révolue. L’heure de l’agonie des partis classiques est annoncée. Nous débutons le lever d’un nouveau jour où le rôle de l’intellectuel des lumières est déterminant. La réflexion doit remplacer l’agitation, la pensée l’idéologie. Le travail doit bouleverser la dépendance. Nous avons besoin d’une société diverse et responsable qui n’a pas peur de vivre sa liberté, son indépendance, où les libertés individuelles intellectuelles, politiques et religieuses sont respectées. Et ce sont les intellectuels producteurs des valeurs qui peuvent porter le projet d’une telle société et le garantir.
Et parce que nous réintégrons l’ère de l’intellectuel, nous sommes condamnés et obligés, afin de garder et de sauvegarder une Algérie plurielle indépendante, de jeter le pont solide entre tous ces intellectuels.
A. Z.
aminzaoui@yahoo.fr