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    Le traumatisme identitaire

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    Le traumatisme identitaire

    A.Z  aminzaoui@yahoo.fr

    plaque_tamazightJe me suis permis de re-publier cet article que je trouve très intéressant et très juste quant aux éléments et aux idées soulevés. Je suis disposé à le supprimer si cela ne convient pas à l’auteur ou au journal LIBERTÉ.

    Oui, nombreux sont les lieux sur notre terre bénie, l’Algérie, qui ont égaré leur mémoire en perdant leurs noms. Nos villes berbères, nos villages, nos fontaines, nos montagnes se trouvent ensevelis dans d’autres noms.
    Ce qui est demandé, aujourd’hui, et en urgence, avec la constitutionnalisation de la langue amazighe, c’est de redonner aux lieux, aux villages, aux montagnes, aux chemins, aux étoiles, aux enfants, leurs vrais noms berbères.
    Sans son vrai nom, la montagne devient folle !  Sans son vrai nom, la montagne géante devient naine !
    Quand on veut jeter un peuple sur le chemin de l’égarement, de l’aliénation, on commence par lui ôter les noms de ses lieux. Le nom n’est pas uniquement une appellation, il est une partie de l’âme, de l’être. Falsifier les noms des lieux facilite et aide à la falsification et au trucage de l’Histoire.
    Falsifier les noms des lieux, c’est-à-dire la géographie géographique, c’est ouvrir une porte pour falsifier la géographie humaine.  Violer les noms des lieux est une violence contre l’imaginaire. C’est une guerre contre “les racines”.    La colonisation française a truqué, a profané les noms de nos lieux, afin de détourner l’Histoire.  Puis, plusieurs années plus tard, l’arabisation a faussé le reste. A commencer par la violence menée contre le droit de porter un nom authentique qui relie l’enfant à son aïeul.   Entre la colonisation et l’arabisation, l’Algérie ancestrale et historique a perdu beaucoup de la mémoire de ses lieux et celle de ses enfants. Le traumatisme identitaire.
    Constitutionnaliser la langue amazighe, après un parcours de combat et de résistance sans pairs est une avancée noble dans notre pays. Constitutionnaliser cette langue, longtemps marginalisée, longtemps interdite, longtemps folklorisée, c’est lui rendre d’abord ses repères sur le sol natal. A commencer par redonner les noms berbères aux lieux violés. Cela est réalisable par le lancement d’une large sensibilisation réfléchie, étudiée et programmée envers les autorités locales administratives et élues : les assemblées communales, les wilayas, les daïras… Il faut que chaque territoire administratif, en collaboration et en coordination avec les universitaires, les historiens, œuvre pour faire retourner les vrais noms à leur place, à leur miroir. Leur faire revenir  la mémoire et le miroir!
    Et pour mener ce travail d’une manière large et professionnelle, il faut lire les romans et la poésie populaire, écouter les chansons, ils sont les textes-traces. Dans ces textes, à l’image des romans de Mouloud Mammeri, Mouloud Feraoun, de Si Mohand Ou M’hand, de Benguitoune, de Mohamed Ben Brahim (auteur du premier roman en arabe intitulé “Histoire des Amants 1845”)  ou Mohamed Dib et d’autres, on détecte les appellations identiques de quelques lieux citadins et ruraux.
    Afin de réaliser ce travail de réhabilitation de la personnalité géographique, réhabilitation des symboles, reconstitution de la mémoire collective, il faut, et vite, faire aussi appel à ces quelques vieilles et vieux qui sont encore là. Ils sont des bibliothèques humaines qui conservent des richesses et des surprises.

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