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    Medjnoun réapprend à vivre

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    Medjnoun réapprend à vivre

    Par Le Matin | 27/06/2015 16:14:00

    Malik Medjnoun est l’un des deux accusés dans l’affaire de l’assassinat du célèbre chanteur engagé Kabyle, Matoub Lounès. Après que Hakim Chenoui, principal accusé dans l’affaire, se soit repenti le 17 septembre 1999, Malik Medjnoun a été arrêté, à Tizi-Ouzou puis conduit à un centre de rétention à Alger, dit centre « Antar », où il a été placé en détention secrète pendant des mois sans jugement. Plusieurs ONG ont dénoncé sa détention arbitraire et ont appelé à sa libération, mais il fallait attendre jusqu’au mercredi 2 mai 2012 pour qu’il quitte la prison. Après 11 ans de détention provisoire. Un cas unique dans le monde et dans les annales de la justice. Après sa sortie de prison, il a refusé de donner des entretiens aux médias algériens et étrangers et il a préféré se retirer. Malik Medjnoun livre ses impressions pour la première fois au Matindz, un journal francophone algérien.
    Malik Madjnoun avec Malika Matoub et sa mère Na Aldjia, soeur et mère de Lounès Matoub.

    Le Matindz : Une question que tout le monde se pose. Pourquoi on a choisi Malik Medjnoun comme accusé dans l’affaire Matoub Lounès ?

    Malik Medjnoun : Figurez-vous que c’est la question qui me taraude. La seule explication est que j’étais proche des milieux islamistes et que je suis natif des Ath Douala. Donc j’étais un candidat idéal pour l’accusation.

    Vous étiez où le jour de l’assassinat de Lounès ?

    Le jour de l’assassinat de Lounès j’étais dans un restaurant, très populaire à Tizi-Ouzou ent rain d’aider des amis. Ces derniers ont témoigné le jour du procès mais leur témoignage n’a pas été pris en considération.

    Pourriez-vous nous parler de votre arrestation et détention ?

    Ce n’est pas une arrestation, mais plutôt un kidnapping. Je me suis retrouvé dans un centre de détention secret à Alger pendant plus de 7 mois avec tortures, sévices et humiliations.

    On vous a proposé de sortir dans le cadre de la réconciliation nationale et vous avez refusé ?

    Soit-disant, d’après des magistrats j’ouvrais droit à des dispositions de la charte de réconciliation nationale, puisque je n’étais pas jugé alors que j’avais à l’époque 6 ans de mandat de dépôt et toute l’instruction a été faite, et même on a annulé un non-lieu du juge d’instruction.

    J’ai envoyé des correspondances à toutes les autorités compétentes leur disant que je voulais un procès équitable qui prouvera mon innocence, mais on a voulu que je passe six autres années de mandat de dépôt.

    Après douze ans de détention qu’avez-vous fait juste après votre sortie de la prison ?

    Après ma sortie de la prison donc, je devrais regagner les Ath Douala, et ça c’était ma réponse aux officiers qui ont juré que je ne mettrais plus les pieds à Ath Douala. Donc je suis allé à Ath Douala où j’ai déposé une gerbe de fleurs sur la tombe de Matoub Lounès. Et je circule toujours à Béni Douala la tête haute, car les Ath Douala c’est chez moi, et les habitants d’Ath Douala savent bien qui est Malik Medjnoun.

    Que devient Malik Medjnoun aujourd’hui ?

    J’essaie de vivre et d’oublier.

    Il semble que vous-avez une bonne relation avec la famille Matoub ?

    Oui, tout à fait. La famille de Matoub Lounès m’a toujours soutenu, en particulier sa mère Na Aldjia à qui je souhaite un prompt rétablissement et sa sœur Malika. Et c’est pour cela que je souhaite que les fans de Matoub Lounès soient tous derrières ces deux femmes courageuses dans leur combat pour la vérité et la justice dans l’affaire de l’assassinat de Lounès.

    Que représente pour vous Matoub Lounès ?

    Matoub Lounès n’est pas seulement une idole ou un artiste mais un militant engagé pour la cause et l’identité amazighe, un militant des droits de l’Homme et toutes les causes justes. Paix à son âme. Lounès est ce militant courageux et infatigable qui est mort digne pour ses idéaux au moment où des hommes se vendaient et s’achetaient comme des petits pains.

    Entretien réalisé par Madjid Serrah

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